« Etre inventif, créatif »



Jusqu'au départ du Vendée Globe en novembre prochain, Armel Le Cléac'h (Banque Populaire) nous fait vivre la préparation à son deuxième Tour du monde en solitaire sur le site du quotidien sportif l'EQUIPE. Deuxième épisode consacré à l'épineux problème des sponsors.





« Depuis deux ans, les temps sont durs, la crise est là. Nous n'avons pas tout de suite anticipé l'impact que cela allait avoir sur notre sport. Et désormais, nous en subissons logiquement les conséquences. Alors on est vigilants, on surveille cela de près. Nous avons surtout du mal à trouver des sponsors qui s'engagent sur une longue période. Ils ne veulent pas prendre de risques sur le long terme. Dans le contexte économique actuel, on comprend forcément les réactions des sponsors comme Véolia (soutien de Roland Jourdain) ou Brit Air, me concernant l'année dernière. Le groupe Air France avait des impératifs de restrictions budgétaires. Et bien souvent le budget communication et sponsoring est le premier touché dans une entreprise quand il s'agit de faire des économies... A présent c'est Groupama qui se détache un peu. Mais, même s'il réduit évidemment la voilure pour le moment il reste jusqu'au bout de la Volvo avec Franck (Cammas, qu'il soutient depuis 1997, ndlr) .
« Nous aurons tous plusieurs sponsors dans notre carrière, cela fait partie du jeu de la course au large. »

Certes voir des sponsors majeurs quitter la voile ou prendre un peu de distance nous rappelle que notre milieu est très dépendant de ces financements et que nous vivons comme des intermittents de la voile. Certes nous n'avons pas des CDI qui vont nous mener jusqu'à la retraite, mais de nouveaux sponsors vont aussi arriver. On l'a vu sur le Vendée Globe avec Jean Le Cam (Synerciel), Jérémy Beyou (Maître Coq), Samantha Davis (notamment Savéol). Il n'y a pas que des mauvaises nouvelles. Nous aurons tous plusieurs sponsors dans notre carrière, cela fait partie du jeu de la course au large. Cela nous oblige à nous remettre en question. Il va falloir trouver des solutions pour pérenniser nos projets, trouver de nouveaux moyens de se vendre.

Eric Péron, par exemple, a repris le concept de Bref sur Canal+ (voir ci-dessous). Il a fait quelque chose de vraiment sympa. Internet, la vidéo, sont des outils qui peuvent nous servir à chercher des financements. Il faut trouver des approches différentes. Quand on est en contact avec une entreprise, nous ne sommes souvent pas les seuls. Les sollicitations sont nombreuses, il faut donc séduire et se démarquer pour accrocher un partenaire. Il faut être inventif, créatif.






Quant à moi, j'ai la chance de faire partie du Team Banque Populaire. C'est une fierté. C'est un sponsor fidèle de la voile à tous les niveaux, cela fait vingt ans que cela dure. Je veux en profiter à 100%. J'ai connu des moments plus difficiles donc j'essaye de donner le meilleur, de travailler à fond avec dans l'idée de continuer, ensemble, cette aventure après le Vendée. Je suis en fait prestataire au sein du team, j'ai un contrat d'une période déterminée tourné vers le Vendée Globe. Il a été défini il y a un an. Ça implique des objectifs sportifs, de communication, cela fait partie du job. Je sais que je suis privilégié par rapport à d'autres qui sont encore à la recherche de sponsors pour espérer participer au Vendée. Je ne dois pas pour autant me reposer là-dessus, je ne peux pas rester tranquillement installé sur mon canapé en attendant que ça se passe. Il faut se donner à 100% par respect notamment pour ceux qui aimerait être à ma place. »



Le rendez-vous est pris pour le mois prochain.


* TheBigBang, journaliste exclusif du Petit Armateur. *

Source:
http://www.lequipe.fr